Chez moi, à CHAMPAGNY LE HAUT, en Tarentaise, en Savoie Souveraine

Chez moi, à CHAMPAGNY LE HAUT, en Tarentaise, en Savoie Souveraine

mercredi 23 mai 2012

SAVOIE, SUISSE, CAVOUR, NAPOLEON III, PIEMONT-SARDAIGNE, NICE,

 

 

1860: une Suisse sans Savoie

Par Philippe Dumartheray. Mis à jour le 22.05.2012
La Confédération, par prudence, ne joue pas toutes ses cartes
et voici de la propagande:
 
 La une du supplément illustré du Petit Journal du 18 septembre 1910 fête, avec faste et allégorie, le cinquantenaire de la réunion de la Savoie à la France.
Image: STEFANO BIANCHETTI/CORBIS



Le bleu Léman, un lac entièrement suisse?

 L’Histoire en a décidé autrement. 
Le 22 et 23 avril 1860, lors d’un plébiscite, savamment orchestré et truqué, les Savoyards acceptent à une écrasante majorité l’adhésion de la Savoie à la France. 

Remontons le cours du temps pour bien comprendre comment la Suisse a finalement perdu toutes ses chances de mettre la main sur une partie de la Savoie. 
 En 1815, la Sardaigne garantit la sécurité de ses Etats du Nord, le Chablais, le Faucigny et le Genevois, en les plaçant sous la protection de la neutralité suisse. Le texte du traité est très clair: pour prévenir une invasion, la Suisse peut occuper ces trois régions. Et, en 1848, le roi de Sardaigne, Victor-Emmanuel II, demande à la Diète suisse de le soutenir contre l’Autriche. Une proposition repoussée par 15 voix contre 7. Au grand dam du conseiller fédéral Henri Druey, qui nourrit encore l’espoir de négocier le rattachement du Chablais et du Faucigny à la Confédération.

Quelques années plus tard, à la fin des années 1850, il apparaît clairement que Napoléon III s’apprête à faire main basse sur la Savoie grâce à un accord avec la maison de Piémont-Sardaigne. A Berne, certains ne l’entendent toutefois pas ainsi. A l’instar de Jakob Stämpfli, membre du Conseil fédéral depuis 1855, qui réussit à créer un véritable mouvement d’opinion pour partir à la conquête de la Savoie. Le Conseil fédéral décide finalement de ne pas bouger sous la pression des Vaudois notamment, qui n’ont pas envie de se lancer dans une opération hasardeuse.

Rencontre secrète à Plombières, dans les Vosges

L’affaire se joue alors rapidement. En juillet 1858, lors d’une rencontre secrète dans la station thermale de Plombières, dans les Vosges, entre le comte de Cavour, représentant du roi de Piémont-Sardaigne, et l’empereur Napoléon III qui avait, un temps, trouvé refuge en Suisse en 1848. La substance de l’accord? Napoléon III promet une aide militaire à Cavour pour chasser les Autrichiens d’Italie. 

En échange, il demande la Savoie et Nice.

La suite sera militaire. Comme promis, en avril 1859, les troupes françaises entrent en Italie, gagnent à Magenta et à Solferino, mais Napoléon III finit par signer un armistice, puis la paix à Villafranca. Ce revirement relancera naturellement la question de l’avenir de Nice et de la Savoie. Napoléon laisse entendre à l’ambassadeur de Suisse à Paris qu’il n’exclut pas une partition du duché. Il n’en faut pas plus pour que, dans le Faucigny, fief de la bourgeoisie libérale, les pro-Suisses se sentent pousser des ailes. Et de lancer une pétition pour le rattachement à la Suisse qui recueille 13 000 signatures.

De leur côté, les Suisses sont divisés. Pour Claude Raffestin, ancien professeur à l’Université de Genève, plusieurs éléments expliquent cette prudence. «Le pays ne voulait pas modifier son assiette territoriale en donnant l’impression qu’il remettait en cause les accords sur sa neutralité. D’autre part, la Savoie est une terre catholique. Cela gênait la Suisse protestante, surtout après la guerre du Sonderbund de 1847.»
Napoléon reprend rapidement l’offensive. En recevant les délégués savoyards, il leur promet l’unité du duché et surtout la création d’une zone franche qui prive les pro-Suisse de leur principal argument. La France peut relancer le royaume de Piémont-Sardaigne et un traité est signé le 24 mars 1860. Il ne reste plus qu’à faire voter les Savoyards pour désamorcer la grogne des puissances qui demandent la tenue d’une conférence internationale. C’est chose faite en Savoie les 22 et 23 avril.

La Suisse a-t-elle finalement perdu la Savoie? 

Pour le professeur Raffestin, «elle a été prudente avec raison. Après la Première Guerre mondiale, une partie du Vorarlberg autrichien aurait souhaité lui être rattachée. Là encore, la sagesse a prévalu. On a vu ce qui s’est passé ensuite avec Hitler.»
Le dossier est-il définitivement clos? Lors d’un sondage réalisé en 2009 par le Dauphiné libéré, 40% des Savoyards montraient une préférence pour l’indépendance de leur région et 14% pour un rattachement à la Suisse. Claude Raffestin préfère en sourire: «C’est plutôt la Savoie qui a perdu la Suisse. Le Pays de Vaud a été lâché par les Savoyards qui s’étaient endettés auprès des Bernois. Le duché avait alors été contraint de céder cette terre aux Confédérés.»
                                                    

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire